La relation entre un banquier et un entrepreneur est aussi complexe qu’essentielle et le COVID a mis cette relation sous tension.
Il est essentiel de bien comprendre la nouvelle donne dans l'environnement actuel : face au "durcissement" des banques, savoir comment s'adapter et comment gérer des situations qui peuvent rapidement se crisper.
Après avoir passé près de 6 mois à mettre en place des PGE, les banques anticipent maintenant une vague de défaillances d'entreprises (décalée à la publication des bilans 2020). Pour les banques l'impact se traduit en un coût du risque qui va exploser, avec moins de marges... elles auront donc des exigences accrues lors de l'octroi ou renouvellement de crédits, des conditions plus élevées...
Les crédits deviennent plus difficiles à obtenir et plus chers.
Les banques sont tenues de noter tous leurs clients sur la base d'éléments "objectifs" (bilans, situations intermédiaires, scoring et centralisation de crédits Banque de France), mais aussi en fonction d'éléments qualitatifs (entretiens avec les entrepreneurs, stratégie, perspectives, voire potentiel de business). Bien que le scoring ait la même finalité –anticiper le défaut à court terme – il peut varier selon les logiciels d'analyse financière, et de ces fameux éléments qualitatifs.
Peu de dirigeants le savent, mais depuis la loi Brunel (octobre 2009), l’entreprise peut se faire communiquer sa note et obtenir de la Banque des explications sur celle-ci, plutôt que d'aller à l'aveuglette en rendez-vous.
Autre pratique peu courante: il est possible de connaitre puis d'améliorer son scoring Banque de France (après entretien - là aussi sur une base qualitative: mesures prises pendant la crise, adaptation, perspectives). La Banque de France a bien saisi l'ampleur de la situation et est plus que jamais ouverte à cette démarche. Une amélioration du scoring BdF se traduira mécaniquement par celui des banques partenaires et celui des Assureurs Crédit.
Autre classique en période de crise, retour aux bases d'une bonne communication financière : transparence et rigueur pour une argumentation solide.
L'entrepreneur a l'exigence d'avancer des faits concrets et mesurables (business plans prudents et soutenables, prévisionnels de trésorerie réalistes, stratégies hyper pragmatiques de sortie de crise).
Plus que jamais, les éléments financiers communiqués aux banques doivent être parfaitement complets et avec une présentation claire et compréhensible (prévoir un possible engorgement des comités de crédit et des délais toujours longs de réponse).
Une relation de confiance se construit en transparence: partagez les éléments nouveaux avec votre banquier, mais avec discernement: il y a une différence entre communiquer une information et livrer ses états d’âme !
Il faut être sélectifs sur les mauvaises nouvelles, le banquier peut avoir une analyse différente de la situation, surtout si l’entreprise traverse un mauvais moment : il ne s’agit pas, bien sûr, de lui cacher des éléments mais bien d’ouvrir des pistes vers des solutions constructives.
En cas d'accident, plutôt que de l'appeler tout de suite au secours, il vaut mieux lui montrer les mesures prises pour sécuriser la zone et rétablir la situation (actions correctives, efforts de réduction des coûts, nouvelle stratégie...) : le banquier doit être rassuré quant à votre capacité à surmonter la crise. Ne mettez jamais un banquier devant le fait accompli.
Et, en dernier recours : la saisie du Médiateur du Crédit (là aussi à condition d’avoir bien préparé la défense de votre dossier et ne pas frôler la Cessation de Paiement).
Pour conclure, quelques élargissements :
- diversifiez et mettez en concurrence : pensez aux nouveaux acteurs et outils du financement d'entreprise qui sont apparus ces dernières années (fintechs, dette désintermédiée...)
- sachez aussi que vous pouvez vous faire accompagner dans votre recherche de financements (ce que nous faisons chez MAIOR Partners...)

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